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Que retenir du dernier rapport du GIEC ?


Le 6ème rapport du GIEC (groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat) a été publié le 20 mars 2023. Par rapport aux précédents rapports, le GIEC livre pour la première fois une synthèse en 36 pages, à l’attention des décideurs publics.


Bike2Mobility l’a lue pour vous. Nous ne nous livrerons pas à l’exercice périlleux de la synthèse de la synthèse. Même avec ChatGPT, les conclusions de ce groupe de quelques 100 scientifiques, en provenance de tous les pays du monde, sont trop denses et circonstanciées (avec quelques 1.200 scénarios étudiés…) pour souffrir le raccourci.


Nous ne nous attarderons pas sur les effets catastrophiques à venir, les journaux télévisés nous en donnent un aperçu chaque jour - mais le (bien) pire est devant nous. Nous n’aborderons pas non plus les sujets de gouvernance, de politiques publiques, de coopération internationale ni de finance (sections C4 à C7 du rapport) sujets qui dépassent largement notre domaine de compétence.


Non, nous voulons simplement souligner quelques faits, pour que chacun, nous soyons informés et nous puissions agir, au quotidien, dans nos comportements de consommateurs, dans nos entreprises, dans nos discussions familiales ou amicales, dans nos engagements, dans nos expressions politiques. Alors voilà :


  • Le GIEC commence tout d’abord par rappeler que la hausse des températures planétaires atteint 1,1°C en 2019 par rapport à 1900 et qu’elle est plus élevée sur terre (+1,6°C) que sur mer (+0,9°C), c’est important de l’avoir en tête.

  • Il indique ensuite que cette hausse des températures est probablement lié à la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère et que cette dernière résulte sans doute possible des activités humaines, et en particulier sur la période la plus récente : depuis 1990 l’humanité a émis 42% du total des GES dans l’atmosphère.


  • La fenêtre d’opportunité pour agir se referme rapidement, et on devrait tous apprendre cette phrase par cœur : Climate change is a threat to human well-being and planetary health (very high confidence). There is a rapidly closing window of opportunity to secure a liveable and sustainable future for all (very high confidence). Avec un très haut niveau de confiance, les scientifiques rappellent que le changement climatique est une menace pour l’humanité et la planète Terre et que la fenêtre d’opportunité pour garantir à tous un futur vivable et durable se referme rapidement. (paragraphe C1, p25)


  • Malgré Kyoto, malgré l’accord de Paris, malgré toutes les COP, l’humanité continue d’émettre toujours plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère : les émissions annuelles en 2019 sont 12% plus élevées qu’en 2010 et 54% plus élevées qu’en 1990 (vous vous rappelez ?). Elles atteignent 60 Gigatonnes d’équivalent CO2 par an, retenez ce chiffre ! (paragraphe A.1.4 p4)

  • Sur ces 60 gigatonnes annuelles, on a 40 de CO2 et 20 de méthane, un gaz (CH4) très calorifique principalement émis par les activités agricoles (principalement l’élevage) et l’industrie et dont la réduction est encore plus difficile que celle du CO2

  • Les mesures actuellement prises en application des engagements nationaux (non respectés) lors des différentes COP conduisent au mieux à une stabilité de ces émissions annuelles.

  • Pourquoi ? pour faire simple les gains enregistrés dans l’efficacité énergétique ne permettent pas de compenser la consommation énergétique supplémentaire liée à la croissance économique mondiale (elle-même liée à la croissance de la population et à l’élévation des niveaux de vie).


  • Même en supposant un changement radical de modèle de production (énergétique, alimentaire et agricole, industriel, transports et bâtiment – l’ordre a son importance et va du plus au moins significatif en gigatonnes de CO2), le réchauffement planétaire inévitable atteindra 2°C à la fin de cette décennie, plutôt que les 1,5°C objectif du protocole de Kyoto ;

  • Cette partie du rapport du GIEC est particulièrement difficile à comprendre, c’est fait exprès, le GIEC s’accroche à l’objectif de 1,5°C et veut porter un message mobilisateur. Mais on vous l’explique quand même…

  • Début 2020, il reste à l’humanité un « budget » de 500 Gigatonnes de CO2 à dépenser (sur les centaines d’années à venir) pour respecter les <1,5°C. Sans parler des années 2020, 2021 et 2022 déjà derrière nous et au rythme de 60 Gigatonnes par an, faites le calcul… Donc le GIEC conclut qu’on a désormais une probabilité de moins de 50% d’atteindre cet objectif.

  • Mais comme le GIEC veut rester optimiste, il nous motive en disant qu’on a un budget de 1.150 gigatonnes de CO2 à dépenser (sur des centaines d’années toujours) pour respecter l’objectif des 2°C et qu’on a encore une chance supérieure à 67% d’y arriver. Vous nous suivez ?

  • Dans un scénario intermédiaire, où les émissions planétaires annuelles resteraient peu ou prou ce qu’elles sont aujourd’hui jusqu’à 2050, nous serions sur une trajectoire vers + 3.0°C en moyenne (scénario C6, encadré SPM1, p10), avec une probabilité de 50%. Pour être moins diplomatique que le GIEC, ça veut dire que sur les tendances actuelles, et compte tenu du non-respect par les différents pays de leurs engagements de réduction, on est sur un scénario à +3/+4°C à l’échelle planétaire).



  • Les moyennes traduisent mal la réalité vécue localement. Là encore on peut regretter que les conclusions du GIEC ne soient pas plus faciles à appréhender, mais si on regarde attentivement les planisphères fournis dans le rapport, on comprend qu’une bonne partie de la planète Terre va devenir tout simplement invivable, une large bande subtropicale allant de l’Amérique latine au sud-est asiatique en passant par le Sahel et l’Inde. Là d’immenses problèmes alimentaires vont se poser, en particulier dans la région la plus peuplée du monde – Inde, Asie du Sud et du Sud Est (figure SPM3 page 16).

  • Plus près de chez nous, en zone dite tempérée, ou au Maghreb et au Proche Orient, ce sont les variations de température qui vont devenir extrêmes (figure SPM2 page 14), entraînant des phénomènes climatiques violents.


  • Alors que faire ? Le GIEC appelle à une cassure brutale dans la courbe de nos émissions à effet de serre, dont le niveau annuel doit être divisé par 3 d’ici à 2050. Pour le CO2, plus facilement éliminable (tout est relatif…), cela veut dire diviser par 2 d’ici 2040 (de 40 gigatonnes par an à 20 gigatonnes par an) et par 4 d’ici à 2050 (figure SPM3 page 23).



  • Quels leviers ? Le GIEC propose deux types d’actions :

o Les premières actions sont technologiques : changer les modes de production et en utilisant les technologies non émettrices (comme le solaire, l’éolien, la voiture électrique, la décarbonation de l’industrie) et en investissant massivement, on pourrait réduire d’ici à 2030 nos émissions d’environ 13 gigatonnes dans l’énergie, une dizaine dans l’agriculture, 7 dans les transports et 6 dans l’industrie (figure SPM7 page 28). Problème, ces solutions technologiques ont un coût et surtout un temps de mise en œuvre qui peut être long.

o Les deuxièmes actions font appel à nos modes de consommation : en réduisant (sobriété) ou en modifiant la demande pour les productions les plus émettrices (substitution), on pourrait réduire massivement nos émissions de GES :

-44% sur la nourriture, -29% sur l’industrie, -66% sur les constructions.

-67% sur les transports terrestres.



S’agissant des transports terrestres, domaine d’intervention de Bike2Mobility, il est intéressant de noter que c’est l’un des secteurs où les solutions sont les plus faciles et les moins coûteuses à mettre en place : véhicules moins consommateurs, véhicules électriques, transports publics et… vélo.


Le GIEC souligne au paragraphe C.3.3 page 30 que “electric vehicles powered by low-GHG emissions electricity have large potential to reduce land-based transport GHG emissions, on a life cycle basis (high confidence)”, ce qui donne en bon français que les véhicules électriques, dès lors qu’ils fonctionnent à partir d’une électricité décarbonnée (ce qui est le cas en France grâce au nucléaire), ont un grand potentiel, avec un haut degré de confiance, de réduire les émissions de GES.


On vous a déprimé ? allez faire un tour à vélo, mécanique ou électrique, c'est fortement encouragé par le GIEC !

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