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Frédéric Dubois

Fait-on plus d'exercice en vélo électrique ou en bicyclette classique

La réponse pourrait vous surprendre !


Qui n'a jamais rêvé d'un vélo électrique en grimpant une côte à faire suer les plus grands cyclistes? Si le vélo à pédalage assisté (VAE) vient effectivement donner un petit coup de pouce à nos muscles, il n'exempte pas pour autant d'effort physique. Au point de représenter une activité sportive plus importante que le vélo classique? C'est ce que tend à prouver une étude publiée dans la revue scientifique Transportation Research Interdisciplinary Perspectives. 10.000 adultes, vivant dans sept villes européennes, ont été choisis pour participer au test et répartis en trois groupes: les cyclistes, les non-cyclistes et les cyclistes en vélo électrique (e-bikers).


Pendant deux ans, chacun d'entre eux a effectué des déplacements à l'aide de son mode de transport. Les chercheurs ont ainsi pu déterminer l'activité physique associée à chaque moyen de déplacement parmi ces trois groupes.


Davantage de distance et de dépense en vélo électrique


Les conclusions sont surprenantes: les cyclistes, avec ou sans assistance, partagent la même fréquence mensuelle d'utilisation de leur monture et la même durée de trajet quotidien. Mais surtout, les utilisateurs de vélos électriques ont parcouru des distances plus importantes que les cyclistes classiques: 9,4 kilomètres contre 4,8 kilomètres. Le calcul de l'équivalent métabolique de chaque groupe, c'est-à-dire de l'intensité de leur activité et la dépense énergétique déployée sur une semaine, mène ainsi à un résultat légèrement plus élevé pour les usagers de vélo électrique: 4.463 pour les e-bikers, 4.085 pour les cyclistes.

«Le résultat de cette étude n'est pas étonnant, corrobore Nicolas Barizien, chef du service de médecine physique et de réadaptation à l'hôpital Foch. Si l'on repousse le moment où l'effort devient pénible, ce qui est le cas avec le vélo électrique, on arrive à en faire plus. Et quand on en fait plus, on sort de l'inactivité physique et on s'approche de l'activité sportive. Donc si la sortie en vélo électrique est beaucoup plus longue qu'en vélo musculaire, ça compense!» Pour le professeur Jean-Luc Bosson, responsable du pôle Santé publique au CHU de Grenoble, le vélo électrique permet en effet une constance et donc un surplus d'activité: «Dans la vie quotidienne, les cyclistes ont tendance à reprendre leur voiture pour ne pas arriver transpirant, parce que la météo n'est pas agréable ou parce qu'ils sont fatigués. Ce n'est pas le cas avec le vélo électrique!»

Le VAE serait ainsi un moyen efficace pour conserver une activité régulière et ainsi se dépenser plus. Les données récoltées prouvent d'ailleurs qu'en supplément de leur vélo à assistance électrique, l'échantillon d'e-bikers utilisaient également de temps en temps une bicyclette classique. Le vélo électrique serait donc plus motivant que votre deux-roues traditionnel. Y compris pour switcher occasionnellement vers des activités plus éreintantes?


«Ça peut être un bon moyen de se convertir au vélo musculaire, acquiesce Nicolas Barizien. Certaines personnes se remettent à une activité physique par le vélo électrique, y prennent goût et passent au vélo musculaire par la suite. D'autres restent au vélo électrique mais elles conservent ainsi une activité physique.» Ce n'est pas pour autant qu'il faut tout abandonner au profit du VAE: «Pour une personne en forme qui a l'habitude du vélo, il ne faut surtout rien changer, prévient le professeur Jean-Luc Bosson. Pour les autres, la seule consigne c'est de continuer à faire ce qui vous convient.»

Une question d'intensité

Si la bicyclette avance propulsée à la seule force de vos muscles, le vélo électrique, bien qu'assisté, utilise en fait les mêmes ressorts. Il permet ainsi de solliciter les mêmes groupes musculaires ou les mêmes filières métaboliques comme l'endurance cardiorespiratoire.

«Les nageurs qui glissent dans l'eau utilisent de l'apesanteur partielle, les skieurs qui ont du matériel hyper performant... ne feraient pas de sport?», ironise le chercheur à l'Université Grenoble-Alpes. «C'est faux de dire que s'il y a assistance, il n'y a pas d'activité physique, approuve le médecin du sport Nicolas Barizien. Prenons l'exemple de deux personnes, un cycliste rôdé en vélo musculaire et un novice en vélo électrique. En matière de dépense énergétique et de fatigue, la personne qui n'est pas habituée peut avoir les mêmes résultats car la fréquence cardiaque qu'elle va produire pour faire cette dépense énergétique va peut-être lui coûter autant qu'au cycliste entraîné qui, pourtant, n'a pas d'assistance.»

«Le bénéfice du vélo électrique est de pouvoir mettre à l'activité physique des gens qui n'en auraient pas les capacités.»

Nicolas Barizien, chef du service de médecine physique et de réadaptation à l'hôpital Foch

D'après lui, il est en réalité difficile de juger à coup sûr si le vélo électrique permet de dépenser autant voire plus d'énergie que la bicyclette classique. «Tout cela dépend du niveau de capacité physique individuel, qui dépend quant à lui de l'entraînement. Et puis, le vélo électrique peut se faire à différentes intensités. C'est ce qui fait la difficulté d'analyser toutes ces études: à quelle intensité est pratiqué le VAE?»

Selon les médecins, le meilleur moyen d'accentuer son activité sportive à l'aide d'un vélo électrique réside dans l'adaptation au terrain. Ils conseillent notamment de baisser le niveau d'assistance lorsque la route est plate, afin de faire travailler un peu plus l'organisme.

Des études à foison


Les recherches scientifiques sur le sujet sont nombreuses depuis plusieurs années, portées par l'essor du vélo électrique. En 2018, c'est une étude suisse qui soulignait une activité physique équivalente en VAE ou en bicyclette chez des utilisateurs en surpoids. Trente-deux participants en surcharge pondérale et sans entraînement, dont la moitié avec assistance électrique, ont ainsi dû parcourir 6 kilomètres au minimum trois jours par semaine. Le groupe de e-bikers a amélioré son endurance dans les mêmes proportions que les autres, notamment grâce à une vitesse plus rapide et des dénivelés plus importants. «Le bénéfice du vélo électrique est de pouvoir mettre à l'activité physique des gens qui n'en auraient pas les capacités, atteste Nicolas Barizien. Ce qui est important, c'est de conserver le côté plaisir car sinon, la motivation va disparaître très rapidement.»

De la même manière, en 2020, des chercheurs allemands ont comparé l'activité physique quotidienne de 101 salariés sans pathologie, certains en vélo électrique et d'autres en vélo traditionnel, dans leur trajet du domicile au lieu de travail. Ils ont ainsi mis en évidence une fréquence d'utilisation plus importante chez les premiers et donc une intensité physique plus élevée lorsqu'elle est calculée sur la semaine, malgré un effort moins fatiguant. «Certes, en VAE, l'effort est 30% inférieur, mais on l'utilise quatre fois plus souvent», résume ainsi le professeur Jean-Luc Bosson.


Alors, brûlerez-vous plus de calories sur la selle de votre petite reine classique ou en vélo hybride? Selon le professeur Jean-Luc Bosson, c'est en réalité secondaire. «L'enjeu de santé publique, ce n'est pas le sport, c'est la lutte contre la sédentarité. Donc le vélo électrique est un atout.» Selon l'OMS, l'inactivité physique est la quatrième cause de décès prématurés dans le monde et un facteur de risques pour les maladies chroniques. L'institution précise même que plus d'un quart de la population adulte mondiale n'est pas suffisamment active. Alors, avec assistance ou non, à vos pédales!


Extrait Slate - Juliette Baëza9 février 2023 à 7h30

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